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Un Cheval, Un Monde

8 septembre 2008

BANEI A HOKKAIDO

DikiDikki attrape du bout des lèvres les bâtonnets de carottes que lui tend timidement la jeune femme.  Mademoiselle Okubo prend de ses fines mains gantées les morceaux de légumes du petit pot à 300 yens qu’elle a acheté à la boutique. Dikki croque, l’air songeur. Soudain, il relève la tête, dresse les oreilles…

Dikki se souvient. L’entraînement avait souvent lieu vers deux heures du matin. A la fraîche. Ils avaient mangé, les grooms les amenaient sur la piste. Du haut de leur 1,80m au garrot, ils pouvaient largement les toiser voire même les écraser. Mais ils ne le faisaient pas. Jamais. Il y avait de la tendresse entre eux. Alors, vifs mais respectueux, les chevaux se laissaient atteler aux traîneaux.

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Après l’entraînement, la marche. Les mêmes petits hommes reprenaient les longes de leurs chevaux respectifs. Il faisait souvent froid ces matins là sur l’île d’Hokkaido, les hommes marchaient à pas rapides, se rapprochant de l’animal pour bénéficier de sa chaleur réconfortante.

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Même s’ils se sont entraînés comme tous les jours, les chevaux le savent, aujourd’hui est particulier. Agitation chez les entraîneurs, les propriétaires sont venus les voir, la foule, ils l’entendent, s’agglutine aux barrières. Leurs grooms les ont encore mieux étrillés que d’habitude, ils ont natté les crins, ils ont sorti le harnachement des grands jours. Aujourd’hui, il y a courses.

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Dikki, n’a jamais été un bon cheval de courses. Il n’a pas souvent gagné. Peut-être une ou deux fois lorsqu’il avait deux ans. Mais Dikki, il aime les gens alors on lui a fait arrêter les courses, on lui a offert un box permanent à l’hippodrome, on lui achète des carottes par kilo. Dikki, il est même devenu citoyen d’Obihiro, il a sa carte d’identité accrochée à son box. Mais Dikki, il s’en fiche pas mal, ce qui l’intéresse, ce sont les carottes. Dikki écoute aussi, les jours de courses.

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Les chevaux sont surexcités. Pur Sang d’une tonne, ils en ont la fougue, la grâce. Les kilos, ce sont des muscles. Ils valsent avec leurs grooms qui tentent de ne pas se faire marcher sur les pieds. Les jockeys sortent du vestiaire. La mine concentrée. 

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Alignés, ils saluent, les chevaux, les commissaires, le public, on ne sait pas très bien. Prestes, ils sautent sur le dos de leur bête de course. L’un derrière l’autre, ils défilent devant les tribunes, direction les stalles de départ. En file indienne, enfin normalement, car dans cet ordre japonais il y a pour une fois une touche de désordre. Les chevaux sont pressés, ils galopent vers le départ. Calmes, les jockeys se contentent de les accompagner.

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Des petits bonshommes en jaune attrapent les chevaux. Les jockeys mettent pied à terre. On fait entrer les animaux dans les stalles de départ, on atèle les traîneaux, un poids selon l’âge, 500kg pour les deux ans, une tonne pour les plus âgés. Les chevaux s’impatientent, les jockeys saluent une nouvelle fois les commissaires de courses et montent à bord de leur traîneau, les rênes dans une main, un fouet dans l’autre. 

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Moment de silence. Cliquetis d’un mors ou éternuement d’un enfant dans les tribunes. Le drapeau s’abaisse et fulgurance du départ. Etonnant que de voir ces grands chevaux d’une tonne sortir du plus grand galop que leur permet leur charge. Ils tirent, ils foncent vers la première butte. Ils ont la gagne. Ils savent parfaitement ce qu’on attend d’eux et ils sont prêts à tout donner. Ils sont au pied de la première butte, bien franchie, ils redescendent et se dirigent, toujours au galop vers la deuxième.

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Dans les tribunes, l’euphorie, c’est le moment le plus important de la course. Leur ticket de pari serré au creux de leur poing, les hommes et les femmes se concentrent sur leur champion. Les jockeys les stoppent brutalement, remise du poids vers l’arrière, puis les encouragent à repartir, ce qu’ils font prestement. Trente centimètres de sable, les genoux se plient, les jarrets ploient, les corps se ramassent pour franchir cette butte d’un mètre vingt de haut. Mais déjà les plus rapides, les plus forts, les plus courageux redescendent la pente et se dirigent, au grand galop, vers la ligne d’arrivée.

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Les bonshommes en jaune les détèlent, les chevaux, le corps fumant, retrouvent leurs grooms et le souffle avec. Retour aux écuries, la pression retombe. Les traîneaux repartent vers la ligne de départ, d’autres chevaux, d’autres poids. Déjà, dans le rond de présentation, la prochaine course se prépare.

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1 septembre 2008

Pourquoi ce blog?

Fran_ois_RoccoBonjour,

Passionnée de chevaux et de voyages, j'ai décidé d'ouvrir ce blog afin de partager une vision autre de la plus belle conquête de l'homme.

Sortons de nos centres équestres, de nos carrières et autres manèges.... Comprenons les autres cavaliers, les autres équitations.... Ensemble, allons à la rencontre des beautés de ce monde.

Chaque cheval est un monde en lui-même.... Chaque cheval a une histoire à nous faire découvrir.... Suivons-les.

Les histoires sont les miennes, les faits sont réels même s'ils sont peut-être un peu mis en scène à l'écriture. Je ne suis pas journaliste et je ne prétends par l'être, ma seule envie, c'est de partager mes histoires de chevaux. Je mets un point d'honneur à les illustrer de mes propres photos. J'espère que l'ensemble vous plaira.

Ces chevaux, je suis allée à leur rencontre, je les ai découvert, souvent beaucoup aimé, même l'espace d'un bref instant. Les chevaux sont magiques et je suis chaque fois étonnée de l'immensité qu'ils ont à nous donner. Générosité parfois violente. Diversité infinie du partage avec eux. Un cheval, un être humain et tout est possible.

Ce blog est une invitation au partage, aussi si vous aussi vous avez envie de nous montrer le monde d'un cheval, n'hésitez pas à m'envoyer un mail afin de publier votre article.

Bon voyage !

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1 septembre 2008

Autobiographie équestre

J'ai mis mes fesses sur le dos d'un cheval, au Maroc, à l'âge de deux ans. Quelle sensation? Un cheval, c'est grand....

Camille_quitationA huit ans, coup de foudre : je veux monter à cheval. Mon père me demandera d'attendre quelques mois, si j'en ai toujours envie, ce sera pour la rentrée prochaine. En attendant, j'accompagne une copine, tous les mercredi, à son cours. Parfois, j'ai le droit de monter sur le dos de sa monture une fois la leçon terminée. L'été arrive et j'en profite pour acheter mon premier matériel : une paire de bottes, une bombe, une cravache jaune. Enfin, la rentrée, ma première leçon d'équitation. Pourquoi cette obstination? Je ne sais plus mais l'attirance était là. La peur aussi. Aucune maitrise de cet animal qui me faisait manger le sable à l'instant où il le décidait. La rage, je remonte. La peur. Toujours et encore. Mais aussi la passion. L'amour. Malgré les chutes et les frayeurs, j'aimais les chevaux. Je n'étais pas spécialement une bonne cavalière, de celles qui d'instinct savent ce qui faut faire. Non, moi, je les aimais aveuglément et ils me le rendaient bien parfois ces petits chevaux africains.

Nous quittons l'Afrique pour les Antilles. Autre équitation, autres chevaux. Les cours sont plus calmes, juments et hongres posent moins de problème que les petits entiers sur le dos desquels j'ai appris à monter. Mais on ne se refait pas et je jette mon dévolu sur une petite jument au caractère irrascible. Nous deviendrons copines pourtant.... anastasie7

Puis, les heures de carrière au compteur, les examens que l'ont passent, je commence à avoir l'âge de comprendre le tact équestre.... Des heures passées auprès d'eux, à pied, à cheval, j'apprends. J'apprends à mieux les connaître, mieux les appréhender. Mieux les aimer? Ca, je ne sais pas. J'aime toujours les chevaux et je les associe à mes envies de compétitions, de victoires.... Dressage, saut d'obstacles, complet, hunter, nous avons la chance de toucher à toutes les disciplines. Je les aurais mes victoires. J'en connaîtrais des défaites.

HardyLa métropole. Je découvre avec effroi, qu'ici, la compétition, c'est 150 partants par épreuves. Je découvre, en passant, les ambiances des concours de saut d'obstacle. Celle des concours de dressage. La compétition, les mentalités sont différentes. Je commence à me poser des questions. En ai-je envie? Je n'ai pas de cheval, pas d'argent pour la compétition, et ça tombe bien.... Accompagnée par mon oncle, j'apprendrais le travail du jeune cheval, le travail à pied, l'approfondissement des connaissances.... Je serais confrontée aux problèmes que l'on peut rencontrer avec les chevaux et comment les résoudre. On apprend toujours, tous les jours avec les chevaux. C'est passionnant et ce que je commençais à entrevoir se confirme : le problème du cheval est bien souvent son cavalier....

J'en profite pour découvrir le TREC. Longues heures passées à cheval, carte et boussole en main. La compétition n'est pas la même, elle est contre nous même, contre cette fichue carte.... La complicité n'est pas la même non plus avec le cheval, les autres cavaliers.... Je me dis alors, un jour, j'aurai mes chevaux et ce sera mon métier. Mais non,  je ne serai pas au milieu d'une carrière. Je passe alors mon diplôme d'ATE. Une sauvegarde pour plus tard. En attendant, je garde toujours les pieds entre carrières et manèges....Imp_

Le cheval nous apprend l'humilité, mais nous n'en retenons jamais assez la leçon. Plus le temps passe, plus c'est ce que j'en retiens. Je m'interroge, quelle est l'intérêt de franchir des barres toujours plus hautes? De travailler les épaules en dedans, les appuyers.... Le pas, le trot, le galop, passer des heures à travailler un bon arrêt qui ne vient jamais.... Chercher la perfection. Pourquoi dans le fond? Je ne sais pas et je délaisse le manège. J'en ai assez. Pourtant, cela me fait plaisir de franchir quelques barres, tracer quelques figures de dressage....

DSCF2886Mais mon plus grand plaisir? Marcher. Marcher des longues heures au pas. Les joies de la randonnées. Découverte des paysages, rencontre des gens, complicité avec sa monture.... Bercement du pas, tintement des sabots, rythme régulier, les pensées vagabondent.... meilleur état équestre qui soit....

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